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Le rôle de la famille-relais quand on est agent animalier spécialisé chat à la SPA


Déjà le 3ème article de la série qui vous fait découvrir le quotidien de 2 agents animaliers spécialisées chats à SPA de Hermeray !

Aujourd’hui, il est question du rôle que la grande majorité des agents animaliers du refuge remplissent : celui de famille-relais (ou famille d’accueil). L’occasion de faire un petit focus sur les chatons “que tout le monde s’arrache” en fin d’article...

(Toutes les photos présentes dans cet article m'ont été envoyées par Blandine et Sabine)


La place préférée de Gazelle lorsque Blandine préparait le biberon : la capuche !

Sabine en plein biberonnage


Parlons en premier lieu du rôle de la famille-relais en tant que tel. Comme énoncé précédemment, une très grande majorité de l’équipe du refuge tient ce rôle (que ce soit pour les chiens ou les chats). Sachez qu’ils/ elles gèrent cette mission en plus de leur journée de travail au refuge (et vous avez pu constater dans l’article précédent que cela n’était pas de tout repos !).


Famille-relais, c’est quoi ? Blandine résume : “Il existe plusieurs cas de figure. Soit, nous récupérons la mère avec ses petits et nous sommes là pour socialiser tout le monde à l’humain et aux autres animaux (comme nos propres chiens), et surveiller l’état de santé de la petite famille. Il nous arrive aussi de récupérer des petits sans la mère, et là c’est biberonnage nuit et jour (en plus de nos journées au refuge) avec des soins dans certains cas car nous ne les récupérons pas toujours en très bon état... Là encore, nous faisons un travail de socialisation à l’humain et, une fois assez grands, ils sont proposés à l’adoption au refuge. Plus rarement, il nous arrive de prendre des chats adultes lorsqu’ils ont des pathologies difficilement compatibles avec la vie au refuge, comme par exemple le diabète qui nécessite des soins particuliers à heures fixes.”


Tango, diabétique, a été chez Blandine pendant 2-3 mois afin de recevoir les soins adéquats à sa pathologie

La socialisation des chatons se fait aussi bien avec les animaux de la famille-relais

(au centre : Gazelle avec Liloo, la chienne de Blandine) qu'avec des humains "de toute sorte" (à droite : la nièce de Blandine qui jouent avec les chatons en accueil).

Plus ils rencontreront d'individus différents,

plus ils seront à l'aise dans leur future famille ^^


Afin de pouvoir accueillir les animaux chez eux, les agents ont, en général, une pièce qui leur est dédiée afin qu’ils soient au calme mais aussi afin qu’ils ne soient pas en contact avec leurs autres animaux (au moins au début).

Dans le cas des chats, ce point-là est très important car lorsque les chat(on)s récupérés viennent de l’extérieur : ils peuvent être porteurs de maladie(s). Même si les chats des agents sont vaccinés, le risque zéro n’existe pas. A l’inverse, certains des chats des agents vont à l’extérieur et, de ce fait, peuvent être vecteurs et transmettre des maladies aux chat.on.s en accueil (qui ne sont pas protégés par les vaccins).


Les agents animaliers font aussi du télétravail !!!

Dans la pièce réservée à l'accueil, il y a tout le nécessaire pour prendre soin des protégés : balance pour peser les chatons, nourriture, alèse, produits de soin et cage de transport (car oui, les agents animaliers amènent les chats en garde chez eux au refuge quand ils travaillent pour pouvoir biberonner aussi pendant leur journée au refuge !)


Le rôle des agents famille-relais va être différent en fonction des chats qu’ils accueillent.


Pour les chatons sans mère, Sabine nous décrit la façon dont elle s’organise : “Il m’arrive bien trop souvent d’accueillir des portées de chatons seuls, âgés de quelques jours seulement... Mon défi, c’est que tout ce petit monde vive… parce qu’en réalité, je ne suis pas une maman-chat et même quand j’ai la chance d’avoir la maman, il peut arriver d’avoir des pertes… Vous l’avez sûrement compris : qui dit tout-petits veut dire biberons jour et nuit, toutes les deux heures. Au niveau du lait : pas de lait de vache ! C’est INTERDIT et mauvais pour eux (même pour les chats adultes d’ailleurs…). Je leur donne du lait spécial chaton et chiot. Dans un premier temps, les chatons de cet âge sont dans une caisse de transport avec un plaid confortable et une bouillotte (il est primordial de les garder au chaud car, à cet âge-là, ils ne se thermorégulent pas). Je surveille également leur poids car un chaton doit prendre au moins 100 g par semaine. Après chaque tétée, je les stimule avec une compresse un peu humide afin qu’ils puissent uriner et faire leur selles. Il m’arrive parfois de dormir avec eux pour faire du peau à poils afin de les réchauffer quand ils sont en hypothermie. Lorsque j’accueille des chatons plus grands (1 mois minimum), le travail est un peu plus “light” : je surveille que les chatons mangent bien tout seul et vérifie s’il n’y a pas de vomissement et/ou de diarrhées, je reste attentive à leur prise de poids, leur apprend la propreté et joue avec eux. Bien entendu, je les soigne s’ils tombent malade”.


A gauche, Wilbur, Evinrude et leur frère (ce dernier est malheureusement décédé...) étaient en accueil chez Blandine : trouvés dans un jardin, ils étaient maigres, pleins de teigne, de puces et les yeux très atteints... Au centre, Evinrude pose : il avait perdu tous ses poils à cause de la teigne et ces derniers commençaient tout juste à repousser. A droite, Blandine en séance de nursing avec un des loulous qu'elle a en accueil actuellement


Pour les chatons avec leur mère, il y a 2 cas de figure : soit la maman est sociable avec l’humain, soit elle ne l’est pas (elle peut être craintive ou sauvage).

Quand la maman est sociable avec l’humain, qu’elle n’est pas malade et a assez de lait : “Je prépare la pièce avec arbre a chat, coussins et plaids afin que la chatte soit super bien pour se reposer et allaiter dans de bonnes conditions. Litière et gamelle sont remplies et propres en permanence. L’alimentation doit être adaptée et riche pour la chatte allaitante (elle peut allaiter parfois jusqu’à 9 petits : c’est épuisant et il lui faut du carburant pour être en forme !). Ensuite quand elle est installée, je la laisse tranquille pendant quelques jours. Quand je dis tranquille c’est : je ne vais pas la caresser et je ne vais pas tout de suite manipuler ses chatons. Prise de confiance avant tout ! Passés quelques jours, je vais commencer à manipuler les chatons, je surveille toujours la prise de poids et je câline la maman.” explique Sabine.

Joconde et ses chatons (qui ont été en famille-relais chez Sabine)


Quand la maman est craintive envers l’humain “Je mets la caisse de transport dans la pièce, je l’ouvre et laisse la minette tranquille pendant quelques heures afin qu’elle puisse se détendre. Je retourne la voir avec une petite surprise, comme du thon. Le thon* est mon ami pour les chats craintifs ! (*Rappelons que le thon ne doit pas servir à nourrir le chat car trop salé et dangereux pour sa santé, mais peut très bien être utilisé avec parcimonie comme friandise). A ce moment-là, j’évalue la situation. Souvent la chatte est juste terrorisée par tous les changements qu’elle a pu vivre entre le moment où elle a mis bas et celui où elle arrive à la maison... Jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours eu la chance que les mamans craintives me laissent manipuler leurs chatons et me fassent un minimum confiance ; et ça c’est un magnifique cadeau ! Le travail de socialisation va d’abord se concentrer sur la mère pour créer un lien de confiance (en lui parlant doucement, en lui laissant un petit plus niveau friandise, en ne la touchant pas, en restant dans la pièce avec ses petits et en la laissant m’observer, etc..) , jusqu’au moment où j’obtiens son feu vert pour interagir avec toute la famille. En 3 ans, il y a qu’une maman-chat que je n’ai pas réussi à sociabiliser” continue Sabine.


Je profite de ce post pour faire un petit focus sur les chatons “que tout le monde s’arrache” et partager avec vous le vécu de Sabine, Blandine et leurs collègues en tant que famille-relais avec les petits…

Chatons nés en fourrière actuellement en accueil chez Blandine (ils ont 5 semaines)


D’abord, une chose essentielle à garder en tête que Sabine rappelle avec justesse : “Si jamais vous trouvez une portée de chatons, la première chose à faire est d’attendre de voir si la maman revient car elle est sûrement partie chasser. S’ils sont abandonnés et que vous souhaitez tenter le sauvetage, allez en pharmacie ou chez le vétérinaire pour acheter du lait spécial chaton et les biberonner”. Entre nous soit-dit, on ne s’improvise pas sauveteur de chatons et biberonneur en 2 temps 3 mouvements : renseignez-vous auprès des associations spécialisées si vous souhaitez tenter l’aventure ; sinon, prenez contact avec ces mêmes associations ou refuges qui savent ce qu’ils font...


A gauche, Manon, atteinte de coryza, en accueil chez Sabine qui, à droite, donne le biberon en journée à l'un de ses petits protégés


Ensuite, sachez que le rôle de famille-relais, ce n’est pas rose tous les jours ! Sabine raconte sa dernière prise en charge “Maman-chat a été décrite comme “attention-super-craintive” par la fourrière qui l’a récupérée. La pauvre chatte a enchaîné les traumatismes : capture (trauma 1) puis mise bas à la fourrière (trauma 2), 10 jours de fourrière où elle a attrapé le coryza - ses 4 petits aussi - (trauma 3), et enfin transfert au refuge avant d’arriver chez moi (trauma 4 et 5) ! Une vraie mère-courage comme j’aime à les appeler elle et les mamans-chats que j’accueille. Au moment de l’ouverture de la cage de transport, la chatte sort détendue et vient se frotter à moi en ronronnant… Je l’ai juste respectée et y suis allée en douceur... Les petits bouts, eux, étaient très mal en point à cause du coryza : yeux collés et remplis de pus… J’ai tout de suite commencé le traitement antibiotique ainsi que le traitement de leurs yeux. Deux ou trois jours après, j’avais un doute sur le fait que la chatte ait assez de lait. Après confirmation de ma crainte par le vétérinaire du refuge, j’ai dû me lancer dans le biberonnage des petits la journée (tétée de maman la nuit). Malheureusement j’ai perdu un bébé dans la portée ; après 5 jours de traitement, il était en détresse respiratoire… Aujourd’hui 2 chatonnes sont encore en soin, dont une dont je n’ai pas réussi à sauver un œil, la troisième va très bien. Elles commencent à manger toutes seules et à aller dans la litière. Quant à leur mère elle est toujours aussi géniale avec moi et ses bébés”.

Et il ne s’agit que d’UNE prise en charge… Imaginez lorsque les agents qui s’investissent dans la mission de famille-relais enchaînent les accueils !!!


La maman courage qui a mis bas en fourrière et ses petits en accueil chez Sabine


Je pense notamment à la “fabuleuse saison des chatons” (vous avez noté mon sarcasme, j’espère) où les chattes non stérilisées mettent à peine bas qu’elles se retrouvent déjà pleines et enchaînent les portées… Je ne rappellerai jamais assez l’importance de la stérilisation. Il est de notre responsabilité à nous humains et gardiens de chats de les faire castrer/ stériliser, mâle ou femelle, pour éviter la misère féline (et par là même l’épuisement de tous ces anges humains qui se battent pour sauver mère et chatons…)


Sabine met en exergue un point très important : “Il faut absolument que les gens se rendent compte que derrière le chaton que tout le monde s’arrache … il y a nous ! Nous, petits agents animaliers, qui les prenons chez nous car des portées et des portées de chatons nous arrivent sans cesse… Souvent, les bébés n’ont seulement que quelques jours… Vous imaginez bien, chers humains, que ces petits êtres ne vont pas se nourrir tout seuls… donc nous les prenons chez nous, nous les biberonnons jour et nuit, nous leur apportons des soins car ils peuvent tomber malades tellement ils sont fragiles à ce moment-là de leur vie. Nous faisons de notre mieux pour les rassurer et les sauver. Et, vérité non négligeable, nous pouvons être confronté.e.s à la MORT ! Oui : les chatons peuvent aussi mourir… et ce n’est pas parce que les adoptants accueillent un chaton qu’ils vont le garder jusqu’à sa belle mort ! Oui le chaton c’est mignon, mais il existe aussi le côté sombre lié à sa fragilité...

Alors s’il vous plaît quand vous nous appelez ou venez au refuge pour adopter un chaton ou, pours certains, exiger un chaton, essayez de garder dans un coin de votre tête que peut- être l’un.e d’entre nous s’est battu.e jour et nuit pour lui sauver la vie… Soyez compréhensif.ve avec nous lorsqu’on on vous refuse l’adoption d’un chaton parce que vos horaires de travail ne pourront pas collés avec une surveillance du petit bout ou quand toute la famille n’est pas présente…”.


Être famille d’accueil c’est fatiguant mais tellement enrichissant.” concluent Sabine et Blandine. Je pense que leurs collègues ne diront pas le contraire…

Comme je vous le disais déjà dans le dernier article, le métier d’agent animalier est difficile physiquement et moralement, n’oubliez pas de respecter leur mission et leur engagement qui dépassent les portes du refuge lorsqu’ils/elles sont famille-relais.



Sabine en pleine séance de câlins avec une portée de chatons qu'elle avait en accueil l'année dernière


En espérant que ce 3ème article de la série vous a plu, je vous donne rendez-vous dans 2 semaines pour un nouveau billet qui portera cette fois sur les côtés "sombres" auxquels font fassent Sabine, Blandine et leurs collègues au quotidien : maladies, assistance vétérinaire et risques du métier...

Soyez au rendez-vous !


Belle journée à tous, chers humains et félins 😽



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