Après l’article sur le chat dans les différentes mythologies, voici aujourd’hui quelques histoires autour du chat dans la religion 😉
Rien de religieux dans tout cela, juste des histoires et des récits collectés au fil de quelques lectures...
Dans la religion chrétienne : Les feux de la Saint-Jean
Malheureusement, et comme vous devez vous en douter au regard de l’Histoire de France notamment (et je me limiterai à celle-ci), le chat a été très souvent associé au malin et aux démons aux yeux de l’église chrétienne.
Une des histoires les plus horribles qu’on peut relater des heures noires pour le chat est celle de la célébration des fêtes de la Saint Jean. Pour les églises (catholiques en particulier), cette fête du 24 juin célèbre la naissance de Saint Jean-Baptiste, cousin de Jésus Christ. Accompagnée de grands feux de joie, la fête de la Saint Jean, à l’origine païenne au Moyen Âge, entre par la suite dans les mœurs religieuses et a été “christianisée”. Traditionnellement, dans la plupart des paroisses de France, la Saint-Jean équivalait à la fête de la Jeunesse avec des jeux, des rites de passages et l’élection du roi et de la reine de la Jeunesse parmi les adolescents. Fortement marquée par la musique, la célébration commençait le matin avec la messe de la Saint-Jean au cours de laquelle on chantait et jouait l'Hymne à saint Jean-Baptiste, et s’achevait le soir avec un bal nocturne. C’est au moment de la une veillée, en fin de journée, qu'un grand feu était allumé...
A Paris plus précisément, c’est sur la place de Grève que le Roi de France en personne se rendait tous les ans pour allumer le feu. Un grand mât était érigé et on y accrochait un sac contenant 24 chats et un renard, qui étaient destinés à être brûlés vifs au milieu des acclamations de la foule... La tradition a perduré jusqu’en 1648... C’est Louis XIV, alors âgé de 10 ans à l’époque, qui a été le dernier à allumer le grand feu parisien de la Saint-Jean. L’on racontait que ramasser les cendres du feu ainsi consumé portait bonheur…
Dans l'Islam : le chat a reçu le don de retomber sur ses pattes...
Le chat a un statut privilégié dans l’Islam. Il est considéré comme “l’animal de compagnie par excellence” par les musulmans. Dans la tradition islamique, les chats sont admirés pour leur propreté. Contrairement aux chiens, ils sont censés être rituellement propres et sont donc autorisés à entrer dans les maisons, et même dans les mosquées, y compris dans Masjid al-Haram, la grande mosquée de la Mecque. La nourriture touchée par les chats est considérée comme halal (propre la à la consommation), et l'eau qu'ils ont consommée est permise pour le wodzū (les ablutions qui permettent de se purifier d’une “impureté mineure” et qui sont obligatoires avant certains actes comme la prière).
Il est dit que le Prophète Mahomet portait un amour et une estime sincère aux petits félins. Selon la tradition, celui-ci condamne fermement la persécution et le meurtre des chats.
L’on raconte que c’est grâce au Père des Croyants que l’on doit le don des chats de retomber sur leurs pattes… Selon la légende, il était particulièrement attaché à une petite chatte du nom de Muezza. Le Prophète passait de longs moments à étudier, prier, méditer, et ne quittait sa demeure que pour aller prier à la mosquée. Un jour que Mahomet voulut se lever pour se rendre à la prière, on raconte que, voyant Muezza endormie et lovée dans les pans de sa robe de prière, il préféra déchirer son vêtement plutôt que de la déranger et la réveiller. Lorsqu’il revint chez lui, la petite chatte l’accueillit avec emphase… Peut-être Muezza avait-elle compris la faveur que le grand homme lui avait faite ? Il est dit qu’elle effectua ce qui ressemblait à une révérence, se courbant devant lui jusqu’à ce que son museau touche presque terre… En la caressant par trois fois sur le dos et le front, il l’a alors bénie et lui aurait donné ce fameux réflexe de redressement. On raconte aussi que les bandes présentes sur le front de certains chats seraient une preuve du contact avec les doigts de Mahomet…
Le chat dans le judaïsme : Le Chat du Rabbin
Je n’ai malheureusement pas trouvé de récit qui mette le chat en scène dans la religion juive… Cependant, j’ai envie de vous parler de la bande dessinée “Le chat du Rabbin”, créée en 2002 par Joann Sfar, auteur français, issu d’une famille séfarade de Sétif en Algérie du côté de son père. La bande dessinée a été adaptée au cinéma en 2011 mais également au théâtre. Il y a aujourd’hui 10 tomes de la BD à date (le dernier étant sorti en octobre 2020 sous le titre “Rentrez chez vous”).
Au début du 20e siècle, le chat d’un rabbin d’Alger raconte sa vie et ses dialogues avec son maître. C’est depuis qu’il a dévoré le perroquet de la maison que le chat a tendance à dire ce qu'il pense, le tout sans filtre, allant jusqu’à remettre en question les apprentissages du rabbin ainsi que les fondements mêmes du judaïsme. Le rabbin, craignant que le chat ait une mauvaise influence sur sa fille Zlabya, décide de les séparer. Le petit félin demande alors au rabbin de lui enseigner la religion juive à travers les différents écrits et recueils du judaïsme, afin de “devenir un bon juif (qui) ne ment pas” et de pouvoir de nouveau passer du temps avec la jeune fille.
Joann Sfar raconte que c’est son chat, Imhotep, qui lui a inspiré le personnage du chat dans son œuvre. Il le décrit comme “ un petit chat de race orientale, exubérant, miauleur, bizarre. Il était fou amoureux de mon épouse et n'arrêtait pas de lui mettre les pattes sur le visage. Je me suis mis à (le) dessiner” et d’ajouter dans un autre entretien “J’ai vraiment eu l’idée de ces albums en l’observant. Avec ses grands yeux, il regardait tout le monde avec tellement d’intensité que l’on avait l’impression qu’il voulait parler. En plus, il miaulait tout le temps”. Imhotep a également été filmé sous toutes les coutures lors de la réalisation du film d’animation sorti en 2011. Le 8ème tome de la série “Petit panier aux amandes” (paru en 2018) est dédié explicitement à Imhotep “ainsi qu'à tous les chats dont le regard et la présence rendent nos vies plus profondes” ; c’est cette année que le chat est décédé de vieillesse...
Le chat dans le bouddhisme : le chat, cet être spirituel
J’aimerais terminer ce billet en vous racontant deux histoires autour du chat et du bouddhisme...
La première est issue de la tradition bouddhiste thaïlandaise, qui prend racine dans une école en particulier : dans le bouddhisme theravāda, ou le bouddhisme du lignage des ancêtres. L’on dit que lorsqu’une personne avait atteint les plus niveaux de spiritualité et mourait, son âme s’unissait au corps d’un chat afin qu’elle puisse atteindre l’illumination à travers la longévité féline. Les Thaïlandais, au fait de cette légende, avaient une pratique curieuse à l’époque : ils enterraient leur défunt dans une crypte avec un chat vivant. Il existait un passage entre la crypte et l’extérieur, et lorsque le chat en sortait, les proches savaient que l’âme de leur défunt était à l’intérieur de l’animal… Dans la plupart des textes de l’ordre bouddhiste de Fo Guang Shane, le chat est vu comme un être spécial, libre, profond, qui ne se laisse pas dominer par son ego. Il est assimilé à un petit moine qui médite, capable d’apporter l’harmonie dans le foyer où il vit.
L’autre légende que je voulais vous faire partager se déroule à la mort du Bouddha Siddhartha Gautama. Alors que celui-ci était en train de quitter son corps terrestre pour revêtir son habit de lumière et atteindre le Nirvana, les moines et fidèles pleuraient tout en priant. Toute la faune et la flore étaient en émoi : les arbres se courbaient sous le poids du chagrin et de nombreux animaux s’étaient rapprochés pour exprimer, eux aussi, leur peine, les larmes aux yeux… Seuls manquaient à l’appel le serpent et le chat. Ce dernier arriva bon dernier et se tint non loin du Bouddha… C’est alors qu’une souris surgit pour boire l’huile de la veilleuse qui brûlait à côté du saint homme. Voyant cela, le chat, guidé par son instinct de chasseur, se jeta sur la souris pour la tuer et la dévora, les yeux toujours secs, indifférent aux murmures de désapprobation de l’assemblée. Il ne fut pas simple pour les moines bouddhistes de décider du sort du chat suite à son action. Certains le jugèrent insensible et esclave de sa soif de tuer. D’autres lui en voulurent de ne pas avoir pleuré lors des derniers instants du Bouddha. Finalement, l’un des plus vieux bonzes s’exprima et mit tout le monde d’accord en disant que le chat, en exprimant ainsi son détachement, avait parfaitement montré qu’il avait retenu et appliqué, mieux que quiconque, l’enseignement du Bouddha. Alors que le serpent, lui, fut excommunié suite à son absence, le petit félin, lui, conserva l’attachement et l’estime des bouddhistes.
Voici pour les anecdotes et récits du chat dans la religion. J’espère que vous en aurez appris toujours un petit peu plus sur votre petit félin préféré à travers ces différentes histoires ? Pour ceux qui l'ont loupé, l'articule sur le chat dans la mythologie est disponible juste ici 😊
(Pour chaque photo utilisée, vous trouverez les sources en légende. Elles proviennent toutes du site Adobe Stock. La première histoire concernant le bouddhisme est issue du site https://nospensees.fr/la-legende-bouddhiste-sur-les-chats/)
De tous les récits que vous avez lus, quelle est votre favorite ?
Connaissez-vous d'autres récits où le chat est présent dans la religion ?
Très belle journée à tous, chers humains et félins 😽
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